Boumtoujours

Une langue de vipère nous avait prévenu : « méfie toi des crottes ! »Allusion à peine voilée à l’exposition animalière qui nous attendait avec, notamment, quelques anciennes toiles canines de Mercier, partie depuis à la chasse aux papillons. Mais c’est en vérité « le Paris-Dakar qui s’exporte à Noilhan », selon les dires amusés du maître des lieux, en nous voyant nous embourber dans ce champ qui tient lieu de parking. Une fois extrait de l’ornière, il fallait bien un insidieux breuvage pour nous remettre de nos émotions ! Et ainsi admirer les magnifiques bronzes de Gilles Delpy, sans oublier l’oie flamboyante de Mercier qui attira l’œil d’un ex-marquis devenu (par la force du destin ?) El Presidente d’un tour-opérateur. D’ailleurs, il fut bien le seul à pénétrer dans la galerie J.V. Invite par la porte du salon… Histoire de se faire remarquer ? « J’ai parlé de la résistance », se plaisait-il à répéter après son interview au canard dynastique du Sud-Ouest. Il était même gonflé à bloc avant la grande échéance de jeudi qui verra le lancement du site Internet de l’Office de Tourisme du Savès. Son enthousiasme contrastant même avec l’ambiance feutrée de ce vernissage de rentrée. Nous ne pouvons que conseiller aux absents de se précipiter pour découvrir les œuvres. Mais tant pis pour eux : ils ne gouteront pas à l’insidieux breuvage du maître des lieux ! On ne peut pas ni tout avoir ni tout à voir…

Au vernissage des peintures de Marie Penetro et des sculptures d’Ousmane Dermé, la grande prêtresse du lieu fut frappée par la foule : « Je n’en reviens pas… Y a du monde ! » Ce soudain engouement pour l’endroit ne manqua pas de soulever chez certains un début d’hypothèse. « Elle est douée pour les relations publiques », me souffla un photographe anglophone ; façon de souligner l’entregent de la portraitiste. Il faut dire que pour abonder dans le sens de ce regard pertinent, on vit même un photographe lislois prendre des notes… En vue d’un article ? Fort probable, étant donné que la télégraphiste locale était « en vacances », nous assurait-on. En vacances (ou dans la lune ?), « Magic JP » l’était bien : « C’est qui la dame de l’Office de tourisme ? » Venir des bords du Jourdain excuse-t-il le propos ? Allez savoir… En tout cas, d’autres ne manquaient pas d’excuses pour justifier leur retard… Comme cet édile au tee-shirt marqué par des points blancs  - «J’ai oublié un mouchoir en papier dans la machine à laver ! » - de retour de coupe de bois. Et que dire des ronces aux chevilles de « Valérie J.V Invite » ! Bref, tout ce petit monde apprécia les œuvres et le planteur… Christel évoqua même ses souvenirs d’Ecosse. Comme quoi la grande prêtresse peut passer allègrement d’un continent à l’autre… 

Atlantis, maousse zone commerciale herblinoise, c’est du lourd. « Un million de visiteurs par mois » (Ouest-France du 26 mai), une palanquée d’autres chiffres pleins de zéros, et surtout des brochets de » 80 kg » dans le trou d’eau entre Ikéa, Onyx et Pathé. Les pêcheurs sont taquins. C’est pas joli, joli de se moquer des journalistes !

Tout content qu’il est le gouvernement ! Par la voix de son ministre de l’intérieur, il vient de créer (et développe !) un climat malsain comme il les affectionne. Vous avez aimé « l’Identité nationale », vous adorerez « l’affaire du voile » ! Faute de trouvez des arguments laïcs et républicains, la bande du Petit Napoléon nous ressert ses vieilles recettes : provocation, intimidation, injure, mépris affiché, peur, division, haine de l’autre, émotion contre raison, phantasme, etc.

Il est dommage dès le départ de cette prétendue « affaire » que nous n’ayons pas – ou pratiquement peu – entendu la motivation des deux motards à dresser un tel PV. Et que j’aurais aimé les entendre infirmer ou démentir les propos racistes qu’ils ont tenus à l’encontre de cette automobiliste ! D’autant que lesdits propos et allusions foireuses sur les origines de cette jeune femme ne renforcent pas l’honneur des képis qui se croient tout permis avec le soutien aveugle de leur ministre. Si les allusions aux origines proférées sont exactes, pourquoi alors ne pas plaider l’injure ? Et comment se fait-il que la presse n’est pas relevée ce trait, hélas, de plus en plus commun dans notre société rongée par la division et le relativisme culturel ?

Je préfère m’abstenir ici de relater les propos indécents et totalement dénués d’intelligence prononcés par un porte-parole de l’UMP dont je préfère taire le nom. Mais bon, dans ce triumvirat, si vous ôtez Xavier Bertrand et Dominique Paillé, il vous reste… Ben, pas le fils de Jean Lefebvre mais presque ! En revanche, il m’apparaît important de s’arrêter un instant sur nos édiles locaux, tourmentés par ce vilain débat si mal engagé. Prenez André Trillard, sénateur et leader de l’opposition UMP au conseil général, dans les colonnes de Presse Océan du samedi 24 avril 2010 : « Il faut une loi qui rappelle que dans l’espace public, on est en France, pas dans un pays islamique. » C’est dit, c’est gratuit et c’est bête, inculte et stupide. Et cela s’inscrit parfaitement dans la logorrhée de haine que délivrent en permanence ce gouvernement et ses sbires.

Pendant ce temps, presque inaperçu, comme si les propos du vieux leader frontiste étaient entrés dans le patrimoine de l’ignominie, Le Pen réhabilitait Vichy. Qu’est devenu le tollé d’autrefois ? Banalité qui nous amène tout droit vers la norme : « Bon, c’est du Le Pen et alors ? » En 1980, à l’occasion du quarantième anniversaire de la raclée de 40, Le Figaro produisait un sondage où une très nette majorité de français condamnait Laval pour mieux épargner Pétain. Moi aussi, j’ai entendu dans ma famille ce type de propos. Fort heureusement des historiens ont rendu leur honneur à ce pays en notifiant à la face d’un peuple que ses dirigeants et ses policiers de l’époque avaient commis l’irréparable. Alors, lorsque je constate le peu de voix qui s’élèvent – le faux débat sur la prétendue publicité faite au FN n’a toujours pas lieu d’être – en regard du déchaînement de conneries sur le voile, cette automobiliste et ce barbu méga client pour des politiques gonflés dans leurs certitudes haineuses, je me dis que le deux poids, deux mesures a encore de beau jour devant lui…

Contexte : avec environ 102 000 visiteurs recensés, selon les premières données de monsieur Frédéric Jouët, son directeur, relayées par la presse locale, la Foire de Nantes semble renouer avec le succès dans un contexte économique morose. Vraiment ? Les fins limiers de Boumtoujours voulaient en avoir le cœur net. Et cela 3 fois ! Comme quoi les statistiques peuvent nous dire Merci !

Les allées de la foire internationale de Nantes paraissent bien vides en ce samedi après-midi, 10 avril. Les commerçants guettent le chaland. Vraiment pas la foule avouent-ils unanimes. Pour une vendeuse de fauteuils malaxeurs de corps fourbus, les visiteurs ont « les poches cousues ». Et que dire de la marchande de cirage « magique » toute heureuse de tomber sur deux pékins prêts à se faire cirer les pompes comme dans tout bon pays du tiers monde ! Passons sur les vendeurs de portemanteaux et les artisans du monde. « Cela ne marche pas fort pour eux, comme les stands de gastronomie », pouvait-on entendre.

Côté animation, l’ineffable Jean-Pierre « jeux de 20 h » Descombes, entre deux annonces réclames, se gratte même la tête (jeudi) en cherchant une nouvelle parade. Alors, il lance le bon vieux « Ni oui, ni non » au grand bonheur de fidèles dans la pure lignée de la France de Giscard ! Has Been tu es, has been tu resteras ! Mais ça marche ! Pas comme le soi-disant succès des trois concerts… Celui de samedi n’a vraiment pas drainé la foule… Qu’il est loin le temps de la foire avec ses scènes et ses groupes locaux, amateurs ou non. Samedi ? « Un public de bidochons », lance un vieil observateur avisé.  Et en semaine ? « L’an passé, le matin, on se regardait avec la fille de l’accueil en attendant les visiteurs. Mais avec l’entrée gratuite pour les seniors, tous les jours de la semaine, entre 10 h et 12 h, ça défilait ! »

Nous y voilà ! La fréquentation ! D’après Frédéric Jouët, « 14% de plus (pour Presse-Océan mais 10% pour Ouest-France !) par rapport à 2009. La foire de Rouen affichait moins 9% d’entrées, les résultats de Rennes étaient mitigés… On ne s’attendait pas à çà ! » (Ouest-France du lundi 12 avril) Et  d’après Presse-Océan du même jour : « Le public a davantage fréquenté le parc des expositions. 102 000 visiteurs pour l’édition 2010 (…) Rennes, Rouen, Nice et Toulouse n’ont pas connu une grosse fréquentation. Nantes échappe à la règle. » « 102 500 »  en 2009 à relire Ouest-France. Calculez l’erreur…

Qu’en est-il au juste ?

À lire ces chiffres – donnés comme argent comptant – un doute s’installe en nous. Nous n’avons, a priori, aucune raison de soupçonner la parole de Frédéric Jouët. Mais pourquoi le dynamique directeur avance-t-il les chiffres des autres foires hexagonales pour mieux vanter son bilan ? Enfumage ? Que cherche-t-il par là à nous prouver ? Et voilà que le détail nous titilla la puce de l'oreille. Ces propos sont en phase avec l'argumentation de l'opérateur téléphonique historique dans le genre "j'augmente mes prix mais par rapport à mes concurrents étrangers je reste moins cher". A-t-on idée de s'abonner à Deutch Telekom ? À quoi bon alors entendre ce genre de version ? Mais Internet fait si bien les choses… Et on ne parle pas ici des sites « bidons » mais ceux des organisateurs, de la presse et des outils de statistiques où nous avons puisé nos informations.

Et ni une ni deux, bilan de nos recherches. Avertissement : nous ne prétendons nullement tenir pour vérité les chiffres fournis. Il ne nous appartient pas de Les contester. Ils sont tous puisés aux mêmes sources (les organisateurs), et certains provenant d’un outil statistique. Nous n’avons pas, non plus, interrogé ledit directeur pour le contredire. Mais nous avions juste besoin de creuser cette question, pour que nous puissions jouer notre rôle de « douteur » permanent. Nous ne sommes nullement des chevaliers blancs avec cape et panache au vent (voir photos), simplement des curieux de naissance ! Et il ne s'agit nullement ici de blâmer le rôles des journalistes de presse écrite (on pourrait nous le reprocher) mais simplement d'approfondir le sujet.

 Que disent les chiffres ?

Bien entendu, pour certains, nos recherches apparaîtrons succinctes – nous n’avons pas comparé de façon approfondie toutes les offres et les détails de chaque foire – mais nous avons retenus certains critères : les horaires d’ouverture, le tarif d’entrée et les journées gratuites. Un constat : seule Nantes a proposé une offre gratuite, du lundi au vendredi, de 10 h à 12 h pour les seniors (les vieux si vous préférez !) Les autres se sont contentés d’une journée, voire rien du tout pour nos glorieux aînés (Nice, mais le pognon coule à flot sur la côte d’ « usure », c’est bien connu…) Nous passerons sur la journée gratuites pour les cyclistes : 91 vélos, « un bon chiffre » selon le dirlo, « car on n'avait pas fait de pub » dit-il. Et enfin, question tarif, Nantes figure en très bonne place et, sur les horaires d’ouverture, c’est kif kif bourricot.

Les chiffres donc : 2010 (avec jours d’ouverture)/2009

Nantes : 102 000 (sous réserve de validation sur onze jours)/102 500

Nice : 130 000 (dix jours)/137 000.

Toulouse : 115 000 (dix jours)/116 000 (c’est sûr y a une baisse mais de là à dire que la fréquentation n’est pas bonne..)

Rennes : 120 000 (neuf jours)/105 000. Ils sont où « les résultats mitigés » ?

Rouen : 130 000 (onze jours, comme Nantes)/ «légèrement en deçà de l’année passée », selon les organisateurs. Vu sous cet angle, c’est certain : la fréquentation n’est pas à la hauteur !

Encore des chiffres ?

Ceux fournis par l’Office de justification des Statistiques (OJS) pour 2006 :

Marseille : 351 027

Lyon : 285 236

Strasbourg : 220 221

Bordeaux : 212 133

Montpellier : 202 574

Toulouse : 137 986

Nice : 131 963

Rennes : 122 976

Nancy : 118 379

Nantes : 107 826

Rouen : 102 299

Et deux chiffres pour finir !    

En 2007, Euro Fair Statitics comptabilisait 103 938 visiteurs pour la foire nantaise. La presse en annonçait 115 000.

Qu’en conclure ? C'est rigolo, non ? Quand on aime, on ne compte pas ! Et la flasque de Costières de Nîmes est vide. Sinon, on s'en fiche un peu de la foire et du nombre de visiteurs, c'est pas nous qu'on fera les candidats à la fin de l'année pour obtenir le marché, la concession (on ne sait pas comment on dit) de l'organisation de la bamboche internationale. Ajoutons pour conclure anecdotiquement que Frède a gagné du premier et seul coup (trop la ouine) un vase bleu outremer moucheté de blanc (on dit pas de mal) au grand jeu presse-océanique, canard partenaire officiel de foire. Nico, lui, a perdu trois fois (punition divine ?). Quoi qu'il en soit, l'année prochaine, on y retourne !