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22 avril 2010 4 22 /04 /avril /2010 12:02

Ca y est, le gouvernement a tranché : il veut sa loi contre le port du voile intégral, communément mal nommé burqa. Et Fillon s’est même dit « prêt à prendre les risques juridiques ». Au diable donc l’avis du Conseil d’État du 30 mars où ce dispositif d’interdiction ne « pourrait trouver aucun fondement juridique incontestable ». Après tout, depuis quand une démocratie s’arrogerait le droit de légiférer sur les façons de s’habiller ? Surtout dans des espaces où la laïcité ne s’impose pas ? Mais doit-on pour autant laisser se propager une régression de la personne humaine ?

L’erreur – calculée pour satisfaire son électorat aux relents xénophobes – de ce gouvernement est résumée d’une phrase par son « l’Oréal » porte-parole : « que nul ne se sente stigmatisé du fait de sa foi et de ses pratiques religieuses ». Sans le vouloir (vraiment ?) l’amalgame est fait. On nous dit d’un côté « atteinte à la dignité des femmes » mais refus d’heurter les musulmans, parce ce que c’est bien de cela qu’il s’agit ici.

Donc, sous couvert d’émancipation féminine, le gouvernement cède aux sirènes des rétrogrades qui assimilent voile et Islam. Or, le voile est tout sauf un symbole religieux. Il n’y a que les esprits simplistes et les fous de Dieu pour se convaincre du contraire. « Le voile intégral islamiste n’est pas islamique. Il est distinct de la religion, avant laquelle il existait et lié à la domination des femmes dans les traditions patriarcales, il se décline sous les formes diverses du voile intégral, en dissimulant entièrement le visage jusqu’au hidjab ou au jilbab le laissant visible en passant par burqa, tchador niquab, haïk ne découvrant que les yeux. Aux fondamentalistes affirmant, en s’appuyant sur les sourates XXVIV31 et XXXIII59 du Coran, que la femme non voilée est maudite, s’oppose la grande majorité des imams qui interprètent ces sourates comme un appel à la vertu adressé aux deux sexes et soulignent que le voile relève de la coutume (âda) et non de l’obligation religieuse (farizâ) » (Claude Ber - Burqa ? P. 115-116– co-écrit avec Wassyla Tamzali.

Doit-on alors légiférer ? J’avoue que je n’ai pas d’avis –encore – tranché sur la question et préfère, pour l’instant, me référer aux propos de Wassyla Tamzali : « je pense que, comme l’esclavage et la torture, la burqa ne peut-être mise en débat. Mon sentiment profond est qu’il faut l’interdire non seulement dans les espaces publics, mais dans l’espace public. Elle est contraire à l’idée que je me fais de la civilisation. Ici ou ailleurs. » (op.cit., p. 80-81))

Et j’irais même plus loin comme elle : « Que le voile parisien et urbain en général apparaisse aujourd’hui comme un antécédent de la burqa est une idée qui peine à s’imposer. Que la burqa ne soit que la manifestation renforcée, liée, et extra-ordinaire de la pratique de l’env-oilement des femmes dont le voile est la modalité ordinaire est une évidence qui peine à être vue. Plus que jamais il faut regretter cet aveuglément qui le signe du déficit de féminisme en France » (op. cité., p.46-47).

A ce propos, il n’est vraiment pas amusant de constater que le voile, pourtant interdit dans l’enceinte de l’école laïque et républicaine, se porte comme un charme lors d’une pose d’une première pierre – en l’occurrence du bois dans ce cas précis – dans un groupe scolaire primaire au nord de Nantes. Reportez-vous sur le blog de Pascal Bolo(*), à l’article « Groupe scolaire Paul Gauguin : bien plus qu’un lifting. » pour vous en convaincre. Vous y apercevrez dans la galerie photos, une femme voilée dans l’assistance…

 

link

 

(*)http://www.pascalbolo.fr/

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